LA CHANSON DES MECHANTS
LA CHANSON DES GENTILS
Il y a très longtemps, Sur les bords de la Nesque,
Un homme malfaisant, Bien pire que la Peste,
A semé la peur l'effroi, la mort,
C'est si vrai qu'on s'en souvient encor.
Son nom s'est Boucicaut, C'est un nom de misère,
Nous l'avons vu là haut, C'était l'année dernière,
Il brûlait, ça nous serrait la gorge
Puis il fuyait, par la tour de l'horloge.
Boucicaut est parti, C'est notre délivrance,
Mais ce n'est pas fini, Car il vet sa vengence.
Il revient, dans les rues de la ville,
Tous les ans autour du mois d'aril.
On va le capturer, Il n'a aucune chance.
De pouvoir s'échapper, Allez, faites une danse,
Boucicaut, Personne ne te craint.
Boucicaut, nous venons voir ta fin.
Tu es revenu,
On t'a aperçu,
Un soir qu'il a plu,
Au coin d'une rue.
Tu peux revenir,
On ne te craint plus,
Ta vie va finir,
Ta vie est fichue.
Ta veil' maladie,
Ne nous fait plus peur,
On soirt à minuit,
On sort à toute heure.
T raseras les murs,
Le jour et la nuit,
Tu peux être sûr
Parole de gentil.
Les gentils c'est nous,
Mais fais attention,
Gare à nous minous,
Nous te poursuivrons.
Dans tout le Comtat,
Pleurent des enfants,
A cause d'un roi,
Cruel et puissant.
Entends, Boucicaut,
Monter dans les airs
Des pleurs, des sanglots,
Des cris de colère.
Même si tes gardes,
Te protègent bien,
Contre la camarde,
Tu ne pourras rien !
Tu as faist le fier,
Tu as fait la guerre,
Nous serons sévères,
Nous serons de fer.
Au sommet d'la tour,
Tu seras pendu,
Pendu haut et court,
Tu as tout perdu.
Nous te descendrons
Au bord de la Nesque,
Nous te brûlerons,
Tout entier ou presque.
Nous ne sommes gentils,
Bien évidemment,
Que pour les petits,
Enfants et les grands.
Nous sommes tous des méchants,
Nous détestons tous les enfants,
Les petits les moyens et les grands,
Nous détestons les enfants.
Nous entrons dans les maisons
Quand les enfants y font des rêves,
A minuit, nous les saupoudrons,
De cauchemars et de fièvres.
Nous mettons des épinards
Dans les menus de la cantine
Sous l'oeil de tous les enfants hagards,
Nous mangeons les mandarines.
Nous bouchons les cheminées,
Le soir du vingt-quatre décembre,
Plus d' cadeaux dans les petits souliers,
Noël ne peut plus descendre.
Nous envahissons les rues de Pernes,
Quand les jours allongent,
Mais person' jamais nous a vus,
Autrement qu'en songe.
Nous sommes tous des méchants,
Nous détestons tous les enfants
Les petits les moyens et les grands
Nous détestons les enfants.
Oui, c'est nous les gentils
Enfin, gentils, c'est ce qu'on dit !
Boucicaut, c'est pas son avis
Lui qui dans les flammes a péri.
On est têtu, on est très fiers,
On est terrible, on promet l'enfer !
S'il veut entrer dans les cervelles
Des enfants d' maternelle,
Alors nous le délogerons,
Foi de gentils, foi de mignons.
Faisons-lui la fête les amis,
Allez, suivez les gentils!
Oui, il est là, sous le ciel.
Tout vieux, tout moche, il n'est que fiel.
Oui! oui! oui! Boucicaut maudit !
Tu viens faire mal aux plus petits.
Tu fais bouillir des mains pendues,
Des crapauds, et des rats tout poilus.
Tu fais des poisons pour les bonshommes.
Pour toujours, ils s'endorment.
Dans la Nesque, oui, c'est l'épouvante,
Que des bestioles dégoulinantes.
Garde pour toi ta soupe au pipi.
Et ton dessert au vomi.
Oui ! Nous sommes ici,
Il ne manque pas un gentil.
Avec nous, tous les petits marmots,
Nous allons chasser Boucicaut.
Matin et soir, jours après jour,
Dans les rues noires, au pied de la tour.
Bien décidés, nous le traquerons,
Nous serons sans concessions.
Ses dix-neuf gardes, on les matraque,
On les enferme dans des sacs.
On les emporte et les les jette,
Du haut des murs, c'est la fête !
Boucicaut est revenu,
II se cache, il se cache !
Boucicaut est revenu,
C'est un lâche, c'est un lâche !
Boucicaut a disparu,
On le cherche, on le cherche !
Boucicaut est près d'ici,
Son pas sonne, son pas sonne !
Boucicaut, tu peux venir,
Plus personne, plus personne,
Ne te craint, C'est ta fin !